Vanille de La Reunion

L’or noir des Bourbons

L’histoire de La Réunion, anciennement connue sous le nom d’île Bourbon, est très liée à la culture d’une fleur, précieuse et raffinée : la vanille. Pour connaître ce récit incroyable, il faut se rendre dans l’unique coopérative de vanille de l’île, à Bras Panon.


Parmi les belles maisons d’un quartier d’habitations de Bras Panon, au nord-est de La Réunion, se cache la coopérative de vanille ProVanille. Si une certaine quantité de vanille est produite sur place (principalement pour la démonstration), le rôle principal de cette coopérative est surtout de réunir les productions de tout l’est de l’île. 120 producteurs rassemblent ainsi leur récolte dans cette structure qui se charge ensuite de la commercialiser, dans la boutique sur place et partout dans le monde. Une chance pour les curieux, ProVanille ouvre également ses portes en proposant des visites guidées régulières, des plantations aux ateliers. Ni une, ni deux… en route pour la découverte de la vanille et tous ses secrets !

Une découverte inattendue

L’histoire de la vanille débute, sur l’île Bourbon, en 1841 avec le jeune esclave, Edmond Albius, alors seulement âgé de 12 ans. Comme beaucoup d’esclaves de l’époque, dans la maison de son maître,  il avait la charge de… tout. Un jour, de colère, il écrase les belles orchidées blanches qui poussent paisiblement dans le jardin. Et bim ! Ça a fait… de la vanille ! Bon évidemment, il s’agit d’une légende urbaine, les gousses ne sont pas apparues comme par magie. Non. En réalité, le maître d’Edmond état botaniste. Ainsi, le jeune esclave a su servir de ce qu’il avait vu et appris pour tenter de provoquer la fécondation du vanillier. Une opération délicate mais réussie qui consiste à frotter entre elles les deux parties de la plante afin de concevoir ensuite son fruit.

Cette méthode de pollinisation, dont bien d’autres ont ensuite tenté de s’approprier la découverte, a fait de l’île Bourbon le premier centre vanillier du monde.

Aujourd’hui, La Réunion s’est tournée vers les cultures de cannes à sucre et de bananes, bien plus rentables, laissant alors le soin à la Guadeloupe, la Martinique ou Madagascar de produire la vanille que l’on consomme au quotidien. Pour autant, méfiance, l’appellation de Vanille Bourbon n’est qu’un leurre ! Il s’agit en réalité de plantes récoltées à Madagascar et dans l’Océan Indien. Seule la Vanille de la Réunion issue de la coopérative de Bras Panon est réellement récoltée sur l’île. Plus parfumée, plus délicate et précieuse, cette vanille est la meilleure des « Vanilles Bourbon ». Pourquoi ? Suivez le guide, vous allez comprendre !

Une culture longue et complexe

La visite guidée de la coopérative de Bras Panon, nous entraîne dans une sorte de hangar qui embaume le parfum doux et sucré de vanille. Il y en a partout : entassé sur les tables, dans des cagettes, sur des tamis, dans des petites boîtes… Une véritable usine, en miniature. Ici, tous se fait à la main, de la récolte à la mise en conditionnement pour la vente. La fécondation de la fleur de vanille se fait entre septembre et décembre. Il ne vaut mieux pas manquer le coche, car elle ne vit qu’une matinée. Pas de grasse mat’ ce jour-là, si elle n’est pas pollinisée dès 5h du matin, lorsque la rosée est encore fraîche sur ses pétales, tout est fichu. Si la fleur se referme, sans tomber, c’est que le travail a bien commencé. La gousse va alors pousser, s’allonger, s’étirer pendant environ 8 mois. Elle se cueille encore verte avec le bout jaune. Bizarrement, à ce moment-là elle sent le jasmin !

À partir de là, tout se passe dans l’atelier. Échaudage pendant 3 minutes, pour stopper la pousse de la gousse, puis étape de transpiration pendant 24h… et voilà une belle gousse noire telle qu’on l’apprécie. Mais le travail ne s’arrête pas là ! Séchage au soleil pendant 15 jours, puis triage pour séparer les différentes tailles, remettre celles qui ne sont pas suffisamment sèches au soleil, protéger les autres… Pendant deux à trois mois, chaque semaine il faut refaire ce tri. Ensuite, les gousses sèches sont installées dans une male sous vide pendant 9 mois (avec une vérification mensuelle du bon déroulement de la procédure). Enfin, à leur sortie, les gousses auront le délicieux parfum de vanille tant apprécié !

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Avant la commercialisation, une dernière étape : le calibrage. Sur une table, les ouvriers séparent les grandes gousses des petites et des moyennes. Il n’y a aucune différence de qualité, seulement d’utilisation. Plus elle est grande, moins il y a besoin d’en mettre dans les préparations.

On comprend mieux pourquoi la vanille est si chère maintenant ! Depuis plus de 60 ans, à Bras Panon, le processus suit son cours, lentement mais sûrement. Jusqu’à 4,5 tonnes de vanille sont produites en ce lieu, issues à 100% des cultures de l’île de La Réunion. Les lianes des producteurs sont disséminées dans les forêts, près des anciennes coulées de lave. Souvent, elles se laissent deviner tout autour d’un tronc d’arbre, l’enveloppant de verdure. Quelques 200 gousses naissent chaque année par liane, paisiblement, grâce à la chaleur humide et tropicale.  La plus grande phobie des producteurs reste les cyclones qui détruisent tout sur leur passage. Il faut alors patienter 3 ans pour que les jeunes pousses donnent leur première gousse.

Pour ceux qui seraient tentés de s’offrir l’épice de luxe qu’est la vanille de Bras Panon, vous pouvez vous rendre sur place, à La Réunion ou retrouver les producteurs lors de la Foire de Paris ou le Salon de l’Agriculture. Enfin, dernière solution moderne : internet. Bon, forcément, la livraison n’est pas donnée, mais c’est le prix pour s’offrir le luxe de savourer l’or noir des Bourbons !

 

 

Le saviez-vous 

Il existe mille et une déclinaisons de la vanille (arômes, sirops, poudres, cafés, sucres…). Pour les fêtes de fin d’année, laissez-vous tenter par le sel de vanille. Quelques grains sur votre toast de foie gras… Un pur délice ! On vous recommande également le magret de canard déglacé au vinaigre de vanille : une explosion de saveurs en bouche.

 

2 réflexions sur “L’or noir des Bourbons

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