Billets d’avion, valises, crème solaire, serviette de plage et chaussures de randonnée, tout est prêt. Une fois descendu de l’avion, il n’y a plus qu’à profiter des merveilles qu’offre cette île volcanique. Ce joli petit caillou. Enfin, … le hic, c’est qu’il n’est pas si petit que ça ! Il manque un accessoire non négligeable à la panoplie du baroudeur : une voiture.
Pas de train, pas de tram, pas de métro. À La Réunion, les citadins bobos habitués au Vélib et au piétonnisme vont devoir se plier à l’écologie façon créole : ici, c’est voiture ou rien ! Une bonne heure pour rallier Saint Pierre depuis Saint Denis, des virages par milliers pour atteindre Cilaos ou Salazie, sans parler des routes sinueuses de l’est. Seuls les ermites venus pour une retraite spirituelle dans Mafate pourraient se contenter de leurs pieds, et encore …

La solution semble toute trouvée : pour se déplacer aisément sur l’île pendant toute la durée de son séjour l’idéal est de louer une voiture. La liberté est à portée de main. Grossière erreur ! Cette mission est semée d’embûche. Il faut s’armer de courage pour gagner son indépendance tant désirée.
Première étape sur le net : rechercher des loueurs à proximité. Trop facile ? Avez-vous déjà cherché « Louer une voiture à Le Tampon » sur Google ? … Nous sommes d’accord, les résultats ne courent pas les rues. Deux ou trois adresses de repérées, les tarifs sont attractifs. Super. Il n’y a plus qu’à aller chercher Titine et c’est parti pour l’aventure…
Ou pas. Ça aurait été trop beau. Bien évidemment, tous les touristes ont les mêmes besoins. En pleine période de la Toussaint si les marmailles ont repris le chemin de l’école, les Z’oreilles eux sont en vacances. Plus encore, les coureurs du Grand Raid et leurs proches sont toujours sur place à profiter, eux aussi, de quelques jours de détente bien mérités. Une foule à satisfaire pour les loueurs de voitures. Une foule d’adversaires pour les jeunes aventuriers avides de nouveaux horizons.

Nada. Plus rien avant des jours, voire des semaines. À croire que l’intégralité des voitures disponibles est déjà partie en vadrouille en nous laissant sur le carreau. Quand le désespoir semble à son comble, une petite lueur surgie. Celle-là, on ne la laissera pas passer : le rendez-vous est pris, à 14h nous serons motorisés.
Mais l’épopée est loin d’être achevée, car entre l’adresse pointée par Google Maps et la réalité il y a … un gouffre ! Bien sûr, après des journées brûlantes, assommantes de chaleur, aujourd’hui le ciel capricieux décide de nous arroser d’une pluie aussi fine et puissante qu’un brumisateur en force maximale. Comme des âmes en peine, nous voilà partis pour une traversée du Tampon, à pied, dans un quartier résidentiel. Difficile d’imaginer entre ces grandes et belles villas, entourées de jardins verdoyants, un garage empli de voitures à louer. Et pourtant !
Trente minutes plus tard, alléluia, c’est bien là. Il n’y a plus qu’à signer le contrat, accompagné de 900€ de caution, pour lequel la moindre éraflure pourrait s’avérer fatale. Voilà comment une vieille voiture défraîchie, quasiment sans phares, déviant vers la droite et aussi assourdissante qu’un vieux tracteur s’est transformée en précieux bien, bichonné et lessivé à souhait pendant quatre jours. Comme quoi, la liberté a toujours un coût !
